top of page

Y'a des baffes qui se perdent !

“De toutes façons, en France, on aime pas les riches...“

Parmi les petites phrases qu’on entend ici et là, celle-ci m’ a fait friser les méninges. Mais si lecteur ! Tu sais, lorsque un journaliste de (micro) trottoir interroge un actionnaire ou un chef d’entreprise à la sortie d’une assemblée générale ou au détour d’une contestation.

Roselyne Bachelot elle-même se lamentait il y a peu, rappelle-toi : « De toutes façons, en France, on aime pas les riches... » Voilà une position bien catégorique que personne, semble-t-il, ne tente de remettre en cause. Crois-moi, toi qui lit, je pense qu’il nous faut renier cette croyance d’un autre âge ! Ou, si nous n’y arrivons pas, éclairer au moins les racines de son bien fondé.

D’abord, mon gone, avant d’analyser l’idée, décortiquons la phrase ! Une première observation nous dit que cette affirmation est vraie dans tous les cas si, et seulement si, le désamour a lieu en France et cela nous situe déjà une aire géographique. Ensuite, il y a ce « on ». Qui peut bien être ce « on » ? On se perd en conjectures... On ne peut pas être le même « on » si l’on est le « on » d’un actionnaire ou le « on » de Bébèrt, tourneur-fraiseur chez SAVIPROM, le « on » d’un pauvre, en quelque sorte... On est toujours le « on » d’un autre... Vive la déduction ! Continuons.

Si « on » aime pas les riches et que cette vérité est énoncée par le riche, on peut déduire que, comme on ne peut pas partir du principe que le riche n’aime pas les riches, « on » s’applique donc aux non riches. C’est à dire, au iota près, aux pauvres. On avance ! Quand on remplace les termes d’origine par ceux que nous venons de déduire, ça donne : « Dans tous les cas et pourvu que nous soyons en France, les pauvres n’aiment pas les riches. » C’est plus clair. Nous avons dessiné les contours de la bête, félicitons-nous d’avoir adopté une démarche scientifique. Le ventre maintenant.

Affirmant en creux l’inverse de ce qu’elle dit en plein, cette phrase est une attaque à peine dissimulée contre ceux qui nourriraient des pensées sans aménité envers les personnes en situation de recouvert bancaire débordant. (Je m’entraine à la novlangue !)

Mais si cette vérité n’était qu’un leurre ? Et si, dans la bouche d’un riche, cette phrase n’était que le symptôme d’un biais cognitif ? Peut-être le riche pense-t-il vraiment, au fond, que le pauvre le déteste pour la simple raison qu’il est riche et que le pauvre n’est qu’un sale jaloux qui n’a qu’à torcher sa morve ? Et le pauvre, donc ! Peut-être le pauvre est-il, lui aussi le jouet d’un biais qui lui souffle que le riche le méprise parce qu’il est mal habillé et qu’il pue !

Et si tout cela, à la fin, n’était qu’un gigantesque malentendu ?

Dissipons-le au plus vite ! avant de se faire des illusions... ce qu’on lisait plus haut n’est qu’une triste vérité ; les deux biais s’annulent à force de tourner en rond. Les pauvres n’aiment pas les riches parce qu’ils les méprisent parce qu’ils ne les aiment pas. Parce qu’ils les méprisent... Donc, il faut en convenir, mes complices, la phrase : « De toutes façons, en France, on aime pas les riches... » est juste. Et nous voilà, clamant sottement que le riche a raison alors qu’en général, c’est contre-productif ! Je me me demande si vous ne m’emmenez pas trop loin, camarades ?... Cherchons plutôt la raison pour laquelle « on », c’est à dire les pauvres, n’aime pas les riches. Peut-être ne faut-il pas la chercher trop loin...

A peu près, entre le IV ème et le III ème millénaire avant l’an 0, les premières villes auraient fait leur apparition en Mésopotamie. Entre le III ème et le II ème, elles auraient émergé en Europe... Les dirigeants naturels de ces premières villes auraient été les possesseurs des plus grands troupeaux ou des plus vastes terres. Et puis les prêtres, évidemment ! Nous les appellerons les riches. Afin que vive la cité, les riches et les prêtres auraient trouvé fort naturel de lever des impôts pour les mettre dans leur poche. A quelques rares exceptions près, cette situation n’a, depuis, pas furieusement évolué... Aussi, mets-le bien dans ta tête, cher acolyte, il ne faut pas croire que le pauvre soit sommairement haineux contre le riche. Il aspirerait seulement à un petit renvoi d’ascenseur... vivre sous un toit décent en mangeant à sa faim et payer des impôts qui seraient enfin! investis à son profit. Un peu de justesse à défaut de justice... Le pauvre aimerait le riche à la condition qu’il ruisselle. Mais le riche n’est jamais ruisselant, il est seulement milliardaire, il ne sait rien faire, sinon...

Félicité ! Nous avons finalement prouvé que le dépit des riches n’était pas fondé et que le non-amour des pauvres avait quelque substance. Le riche n’aime pas le pauvre pour la bête raison qu’il croit, de toute bonne foi, qu’un Dieu a fait les choses ainsi et que les pauvres et ben y-z-ont qu’à bosser, feignasses !

Hors ça, le riche n’a que faire du pauvre.

A l’inverse, Il n’a pas échappé au pauvre le côté hypocrite de cette position. Il ne manquerait plus qu’un riche vint lui donner la leçon alors qu’il lui prend tout le reste ! Comment pourrait-il avoir ne serait-ce que de l’affection ou même de l’affinité pour celui qui a fait trimer son père, qui l’a conduit au burn-out et qui mettra ses enfants aux ordres des machines ? Donc, comme le riche a conscience de ne faire fructifier sa fortune qu’aux dépends du pauvre et, s’il ne fait pas la bête, doit bien avoir en tête que l’arrangement du maitre ne fait que rarement l’affaire de l’esclave, il a beau jeu de faire l’étonné.

Le riche est donc bien un tartuffe. Lecteurs, nous l’avons échappé belle !
 

Guignol - Le 20 juillet 2023

Archives des précédentes Baffes

Le mot et la chose.


Mes petits gones,
Il y a peu Emmanuel Macron a fait une longue petite phrase suffisamment édifiante pour que je vous la livre in extenso et vous laisse en juger :


« Si l’on arrive à gagner le chantier de l’écologie de progrès, c’est-à-dire de donner un cap, de proposer des solutions, de montrer que l’on peut décarboner, on fera revenir dans le champ républicain des gens qui diront : “oui, on peut, en se respectant les uns les autres, faire que le travail de mon voisin soit respecté“. »


Ça jette, quoi ! Quel souffle ! Quel recul !Quelle langue ! On distingue à la fois la hauteur de ses vues et le fond de son calbute. Cet homme, on s’en rend compte à l’énoncé de ce remarquable paradigme, sait, “sent“, ce que le pays a besoin d’entendre ! Il est le phare dans la tempête, l’étendard dans la mêlée, le pompon sur le gâteau !


Elle en dit long, cette phrase, sur les capacités intellectuelles de notre classe politique ... Soyons honnêtes, elle est à l’insignifiance ce que le rubis est au diadème. À la lire et plus encore à l’entendre (essayez chez vous, vous verrez comme c’est amusant !), on se sent pris du vertige que devait ressentir Lamartine au bord de sa mare ou Stendhal devant sa croûte.


Alors on s’écrabouille pitoyablement au fond du gouffre dantesque de l’ineptie la plus vide !
Oh ! Bien sûr... Il n’est pas le seul, même si ce n’est jamais une excuse... Car il faut bien reconnaître que c’est devenu un point de ralliement de toute notre classe politique, un lieu commun de nos dirigeants, un refuge partagé par nos élus que cette nouvelle et puissante compétence, je veux parler de la médiocrité.

 

Résistons à la facilité du florilège !

 

Et puis, finalement non ! Alors, tenez-vous bien...


Frédérique Lefebvre, alors porte-parole du gouvernement, à la question :“quel est votre livre préféré ?“
n’hésitât pas, goguenard, à répondre : “Zadig et Voltaire“.

En parlant de porte-parole on dirait bien que c’est surtout leur bêtise qu’ils portent en sautoir. Rappelez- vous Sibeth Ndiaye : “Nous sommes tous conscients que tout le monde ne mange pas du homard tous les jours. Bien souvent on mange plutôt des kebabs”. Ou encore, inénarrable ! : “Demain matin, j’utiliserai ma voiture de fonction, comme tous les jours, donc je serai de cœur avec tous les Franciliens qui galéreront dans les couloirs du métro”. Merci madame.
Et merci, de même, à Gabriel Attal, lui aussi, à l’époque, porte-connerie du gouvernement, pour cette splendeur : “On constate peut-être un début de ralentissement de l’épidémie mais il y a toujours une augmentation, et elle est forte.“


D’ailleurs, les ministres de la santé n’échappent pas au syndrome. Si à la simple évocation de Roselyne Bachelot on se prend à sourire pourtant Olivier Véran tient haut la barre : “Les personnes vaccinées sont aussi celles qui sont les plus exposées aux formes graves et aux décès en cas d’inefficacité initiale du vaccin ou de réinfection post-vaccinale ou de la virulence d’un variant.“ Vertigineux ! Ou encore, et l’on touche au sublime “Les cas contacts de cas contacts ne sont pas des cas contacts.“ Tant il est vrai que les amis des ennemis de mes amis sont des gens que je ne connais pas...


Ne jamais oublier Marlène Schiappa (la romancière) qui traite, sur Twitter, une ancienne amie de “sac à main de seconde main“, vilaine répétition d’une référence vulgaire... Quand à Bruno Lemaire (le romancier), non content de débiter des inepties, il se croit obligé de les écrire...

Le poste de premier ministre est un sacerdoce fatigant de l’avis de tout ceux qui l’ont occupé. Témoin le polyglotte Jean Pierre Raffarin qui raffarinait même en anglais, rappelez-vous : « Win the “yes” needs the “no” to win against the “no” ». Plusieurs générations d’anglicistes en sont mortes de chagrin.


Et puis, parmi nos présidents, Emmanuel n’est pas le seul. Chirac, la France entière en rit encore, n’hésitât pas se fendre le plus sérieusement du monde du maintenant célèbre : “J’ai décidé de dissoudre l’assemblée nationale“ Là où Giscard s’était contenté d’un sobre « au revoir » avant de n’être plus jamais revu. Le vocabulaire est nécessaire pour élaborer un concept mais le vocabulaire ne suffit pas, il faut aussi savoir en faire des phrases...


J’oublie Darmanin, Lemaire, Berger, Pannier (con comme un) Runacher,... Quant à ceux qui attendent leur tour, Wauquiez, Le Pen, Panot, Ciotti, Pradier... Un vertige me prend, j’arrête là cette liste, il faudrait plus d’une chanson pour la terminer.


Pourtant... Chateaubriand, Victor Hugo, Clémenceau, De Gaule, Simone Veil (les femmes ne sont pas plus bêtes, elles sont juste plus rares...) et même Mitterrand ou Pompidou... tous ces hommes (et femme, donc) politiques étaient des gens intelligents.


Qu’a-t-il bien pu se passer ?


J’ai un élément de réponse à vous proposer. Un grand sage a résumé ce concept de manière simple et compréhensible : “Qu'on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L'essentiel, c'est qu'on parle de moi!“ C’est ainsi que Léon Zitrone théorisait cette abstraction.


Partant de là, notre classe politique a parfaitement intégré cette pensée et, selon un calcul simple, l’exécute à la lettre. Mais sachant qu’il est plus difficile de faire parler de soi en bien qu’en mal elle n’en applique que la deuxième prémisse.


Rassurons-nous donc. Non ! Nos politiciennes et nos politiciens ne sont pas des gens médiocres, se sont seulement de grosses feignasses.


Je ne vois que ça...

Guignol - le 27 mai 2023

 

Bêtise infinie dans un monde fini.

 

Pour lancer une nouvelle rubrique sur notre site, je me suis dit qu’un petit lexique s’imposait. Quitte à se causer, autant causer des mêmes choses…

 

Alors c’est parti !

 

Bêtise :

1/ Célèbre sucrerie originaire de Cambrais.

2/ Qualité particulière équitablement partagée par une grande partie de la classe politique.

3/ Qualité principale de l’électeur moyen.

4/ Idiotie répétée en boucle par les média qui la tiennent de la classe politique.

 

Lithium

Elément de symbole LI, dont la petite masse atomique en fait le plus léger des métaux ; il flotte sur l’aluminium. En pharmacie il possède la vertu d’atténuer les symptômes de la dépression nerveuse. Utilisé en quantité dans la fabrication des batteries de voitures électriques.

 

Voiture électrique : 

Mensonge d’état consistant à faire croire qu’il suffit de remplacer une énergie par une autre et qu’il n y a aucun problème à faire tourner, plein tubes ! des industries polluantes génératrices de gaz à effet de serre, d’inégalités sociales et de dépressions nerveuses. (voir : lithium) 

 

Dépression nerveuse :

Maladie d’origine psychique provoquée, le plus souvent, par l’abus de travail, l’usage de la voiture électrique et l’ingurgitation massive du journal de C News avant le diner (voir : diner).

 

Diner :

Réunion d’hommes d’affaires nourris, avec l’argent du contribuable, par une sommité élue qui caresse  l’espoir de se voir aidée pour trouver un meilleur job (voir : bêtise). Parfois organisé par Laurent Wauquiez.

 

Laurent Wauquiez :

Communément de couleur rouge quand il prend un bain de foule, la doublure de sa  parka serait brunâtre.  Actuel guide suprême de la région Auvergne Rhône Alpe, son habitat s’étend des environs du Puy-en-Velay (Auvergne) à l’hôtel de région de Lyon (trams T1 et T2 arrêt “hôtel de région-Montrochet“). Ses principales occupations sont de gaver les chasseurs d’argent publique, de couper les subventions à la culture et de rêver d’une grande carrière (voir : diner).

 

Carrière :

Espace dédié à l’extraction de divers minerais dont le lithium (voir : dépression nerveuse et voiture électrique). Ordinairement considérés comme très polluants, un de ces sites pourrait cependant voir le jour en Auvergne, à Beauvoir.

 

Beauvoir :

Coin de verdure ou chante une rivière abritant l’érysipèle à fleurs jaunes, l’escargot bougon et mulot mollet dans un écosystème protégé.

 

Ecosystème protégé :

Espace ou vivent en harmonie animaux et végétaux indispensables à la survie de l’humanité et dont l’existence est menacée par les activités humaines (voir : voiture électrique, carrière et Laurent Wauquiez).

 

Activités humaines :

Agitation désordonnée et irréfléchie visant à la destruction de la nature, des êtres vivants et de la santé mentale (voir lithium et bêtise) de ses zélateurs dans le but d’amasser frénétiquement de la plus grande quantité possible d’argent.

 

Argent :

Truc qui ne devrait servir qu’à payer une baguette de pain mais avec lequel on nous fait payer jusqu’à l’eau que nous avons besoin de boire (voir : dépression nerveuse).

 

Eau :

Corps composé de formule chimique H2O qu’on trouve sur terre dans ses trois états (vapeur, eau, glace). Son écoulement à la surface de notre globe est le résultat du fragile équilibre de son cycle qui ne demande qu’à être rompu (voir écosystème protégé, Carrière et diner). Abondante sur terre, sa couleur donne son surnom à notre planète.

 

Planète : 

Poussière.

 

Voilà mes gones, ça, au moins, c’est dégrossit. On part sur des bases communes et on peut toujours s’en féliciter. Alors en attendant la prochaine, je vous dis au revoir.

 

Guignol, novembre 2022

 

P.S. : Au revoir :

1/Formule joliment remise au goût du jour par un ancien président de la cinquième république. 

2/Formule que devrait s’entendre balancer le plus vite possible tout représentant de la classe politique (voir : bêtise, diner et Laurent Wauquiez).

bottom of page